Mémoire d’un fumeur

Les pieds dans le sable comme autant de trous dans le ciel,
Je porte sur les lèvres un soleil plus vieux que le monde.


Le spectacle du jour ne m’arrache aucun plaisir
Sinon la fumée au bout du feu de mes doigts
qui dissimule si mal le mal-être de mes yeux tombeaux.


Les vacances de l’amour me procurent si peu de repos.
Le cœur trop penché m’a coûté le sang de ces baisers
qui détournent si vite le visage de mes blessures.


Tant de chairs caressées du bout de la peine,
Pour me retrouver ici, vautré dans le ventre de la fumée.
Volutes de requins blancs sur la plage des seins nus
Loin de la mer et des bâillements du sexe affamé.


Un point de cendres là où le ciel baise les vagues de la mer
Perpendiculaire, je vois brûler les anges de la terre,
Je ne fume pas, la douleur brûle mon âme tabatière.


La nuit la vie brille au creux de mon cœur cendrier,
soudain l’haleine des ténèbres et le relent de souffre,
Soudain l’étincelle des astres et la flamme éphémère
Soudain les ailes de l’oubli, paresseuses, suffocantes,
Soudain le gouffre où je piétine tant de rêves


soudain la vie

par tous mes poumons.

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