Ce texte a initialement été publié sur le site du blog Tous nos maux. L’auteur, Darryo Augustin, a bien voulu que Kafegriye le reprenne. Partie 1 d’une histoire mouvementée et passionnante. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur. Bonne lecture.
Le 28 juillet 1915, la botte yankee foula notre sol et avec une arrogance sans pareille licencia tout simplement notre bonne vieille armée indigène.
Ces centaines de généraux de parade, hier encore si altiers et devant qui tous tremblaient de peur, se volatilisèrent dans la mièvrerie d’une existence morne et taciturne, sans même avoir le courage d’un dernier baroud héroïque.
Heureusement pour la dignité et l’honneur de la nation haïtienne, les sublimes Cacos allaient contester aux ricains la prépondérance d’un sol dans un combat aussi épique que désespéré.
À leur tête le fantasque Charlemagne Peralte, ex-commandant de Léogâne, allait rappeler aux yeux du monde entier les exploits des demi-dieux de 1803.
C’est à cette époque que l’occupant, pour les besoins de sa cause, nous concocta une armée toute neuve, une armée sans attaches nationales, sans ancrage populaire et sans projet véritable autre que celui de perpétuer à jamais sur la terre de Dessalines la domination de l’impérialisme américain et de ses alliés locaux.
Gendarmerie puis Garde d’Haïti, féconde dans la répression des nationalistes Cacos, cette institution assista passivement aux vêpres dominicaines de 1937 où des milliers de compatriotes se feront massacrer dans une orgie criminelle, précurseure sans doute de la Shoah.
Arguant d’un manque de moyens il est vrai évident, elle ne tenta même pas pour son honneur de se débarrasser de Vincent, en complicité visible avec Trujillo, à défaut de s’attaquer à l’ogre dominicain.
Cela ne rentrait pas dans la mission que lui avait assignée ses maîtres de Washington. Elle se contenta de protéger des gouvernements plus corrompus et plus ségrégationnistes les uns que les autres.
Affublée d’une “victoire” lors de la seconde guerre mondiale en raison de son alliance avec le voisin du Nord, cette armée allait sortir de ses casernes en 1946 pour opérer une descente dans l’arène politique, amorçant du même coup la pente fatale devant la perdre irrémédiablement, quelques décennies plus tard.
à suivre…